Paris bientôt à l’échelle des mégapoles de Londres ou de New York ? C’est l’objectif des pouvoirs publics pour accroître le rayonnement de Paris au niveau international. Avec plus de 7 Millions d‘habitants recensés en 2020, la métropole du Grand Paris est confrontée à de nombreux défis.
Chaque jour, ce sont près de 9,4 millions de déplacements qui sont effectués en transports en commun par les Franciliens. Cette densité de population provoque une tension extrême sur l’immobilier.
Cela oblige les populations à s’excentrer en banlieue, toujours plus éloignée de Paris intra-muros. Cette situation entraîne une saturation des réseaux de transports publics, qui sont en nombre insuffisants pour desservir décemment les banlieues.
En conséquence, les temps de trajets domicile travail des Franciliens sont longs, compris entre 30 et 59 minutes pour 42 % d’entre eux. Pour désenclaver les territoires, redonner de la mobilité aux Franciliens et optimiser le flux de personnes à l’approche des Jeux Olympiques, le projet du Grand Paris Express (GPE) est né.
Zoom sur les objectifs et les désillusions d’un projet titanesque amorcé par la métropole de Paris.
Le projet Grand Paris Express, c’est quoi ?
Le projet du Grand Paris Express a été instauré le 26 janvier 2011 dans le cadre du Grand Paris. Porté par la Société du Grand Paris (SGP), ce projet repose sur la mise en œuvre d’un chantier colossal :
- prolongement de deux lignes de métro existantes (lignes 11 et 14)
- construction de 4 nouvelles lignes automatiques autour de Paris (15,16,17 et 18)
- création de 68 nouvelles gares
À la clé, ce sont plus de 202 km de lignes qui seront créés pour un chantier estimé à près de 25 milliards d’euros.
Le projet du Grand Paris Express intègre un large volet digital pour procurer une expérience accrue pour les utilisateurs du réseau. La fibre optique et de nouveaux services numériques seront disponibles pour les usagers qui peuvent d’ores et déjà simuler leur futur temps de trajet.
Quels sont les objectifs du projet Grand Paris Express ?
Les objectifs du projet Grand Paris Express sont multiples. Pour faire du Grand Paris une mégapole de niveau international, il faut œuvrer dans plusieurs domaines :
- le développement et la modernisation du réseau de transport
- la construction de nouveaux logements
- le développement de l’activité économique
- le soutien à la transition énergétique
Le développement et la modernisation du réseau de transport
Avec l’accroissement continu de la population Francilienne, la capacité du réseau de transport actuel atteint ses limites. La ligne 13 du métro et les lignes A et B du RER sont saturées ce qui implique :
- un accroissement de la durée des trajets
- un mécontentement des usagers
Avec une augmentation du trafic sur le réseau de transport de 21 % en 10 ans, il est nécessaire de moderniser le réseau existant et de l’accroître. La majorité des nouvelles lignes créées encerclent Paris pour éviter aux usagers de transiter par son centre. L’objectif est non seulement de réduire le temps de transport des usagers mais également de limiter les déplacements en voiture pour réduire les embouteillages et la pollution.
Désenclaver les territoires et accroître l’offre de logements
À Paris et en région Parisienne, l’immobilier est devenu inaccessible pour bon nombre de ménages. Contraints de s’éloigner toujours plus loin en banlieue, les Franciliens vivent un véritable parcours du combattant. Ces communes éloignées sont mal desservies par les réseaux de transport existants, ce qui allonge considérablement les temps de trajets au quotidien.
Pour répondre à ces difficultés, le Grand Paris envisage la construction de 70 000 logements par an dont 30 % de logements sociaux. L’implantation de ces logements se concentre aux abords des nouvelles gares du Grand Paris Express, pour désengorger la ville de Paris.
La création de ces gares permettra également de désenclaver les territoires et de réduire considérablement le temps de trajet entre les différentes banlieues. Selon la SGP, 90 % des Franciliens habiteront à moins de 2 km d’une gare à l’issue du projet.
Soutenir l’emploi et le développement économique
Avec 47 millions de visiteurs par an, le Grand Paris est la locomotive économique Française. À l’horizon 2030, La Chambre de commerce et d’industrie d’île de France estime les bénéfices du projet GPE à :
- 140 milliards d’euros de PIB
- 60 milliards d’euros de recettes publiques par an
Cela s’explique par le renforcement de grands pôles d’activités :
- la Défense (finance)
- la Plaine Commune (culture et création)
- Roissy-Charles De Gaulle (international)
- le Bourget (aéronautique)
- le plateau de Saclay (innovation scientifique et technologique)
Pendant toute la durée du chantier, ce ne sont pas moins de 15 000 emplois par an qui seront créés !
Soutenir la transition écologique
Doté d’un plan de relance de 110 millions d’euros, le conseil métropolitain veut accompagner le tissu économique local dans la transition écologique par la mise en œuvre :
- d’une stratégie de résilience prenant en compte les enseignements de la crise sanitaire
- soutenir les TPE et PME locales à hauteur de 14 millions d’euros
- accroître les alternatives de mobilité douce et la transition écologique
- accompagner le secteur de l’habitat vers la rénovation énergétique
- accompagner les usagers vers la transition numérique
Quelles sont les désillusions du projet Grand Paris Express ?
L’objectif de faire de Paris et de L’île de France une locomotive économique et un modèle à l’international n’est pas sans effets pervers. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un projet déconnecté de la réalité du terrain en plus d’être un gouffre financier. Zoom sur les désillusions du Projet de Grand Paris Express.
Un manque de concertation avec les populations et entreprises locales
Le tracé du Grand Paris Express a été conçu par les pouvoirs publics sans vraiment de concertation avec les usagers. Relier les banlieues entre elles c’est bien, mais est ce vraiment utile pour les populations ?
Dans une note de 2015, l’INSEE étudie spécifiquement le tracé de la future ligne 15. Selon l’organisme, seuls 14 300 travailleurs seraient concernés par son tronçon sud. Un nombre de bénéficiaires largement insuffisant pour justifier l’investissement colossal de ce projet déconnecté des besoins réels des populations.
En effet, il ne suffit pas de la présence d’une gare pour que les populations et les entreprises décident de s’implanter à proximité.
Un coût abyssal en pleine dérive
Estimé à 22,6 milliards d’euros en 2013, le budget du GPE a été réévalué à plusieurs reprises :
- 28,2 milliards d’euros sur la base des dépenses entre 2014 et 2017
- 35,1 milliards d’euros en 2017
- 38,5 milliards d’euros selon un rapport de la Cour des comptes
Cette dérive budgétaire s’explique par :
- un projet sous-évalué à l’origine
- l’ajout de gares supplémentaire par rapport au projet initial
- des choix architecturaux qui impliquent une classification à caractère “monumental”
- l’accélération du calendrier en prévisions des jeux olympiques a causé une hausse des prix avec la tension sur l’offre des entreprises de travaux publics
- un manque de moyens et de compétences de la SGP
Des retards et des accidents qui font tache
Prévues initialement pour desservir les différents sites olympiques, les principales lignes de métro ne seront pas terminées à temps pour les JO 2024. Ces retards portent l’échéance du projet de Grand Paris Express à l’horizon 2030.
De plus, la réalisation du GPE est pointée du doigt car depuis 2020, 5 ouvriers sont morts sur les chantiers sans compter les nombreux accidents graves. Ces problèmes de sécurité sont amplifiés par le planning des travaux à respecter et la sous-traitance en cascade dans le secteur des travaux publics. Une très mauvaise publicité dont se serait bien passée la SGP à l’approche des JO !
